Tour d’Horizons – Du Cyberpunk, un Kickstarter connecté et un Ulule enchanté

Pour beaucoup de joueurs, Cyberpunk c’est l’explosion Gibson et le fameux JDR publié par Oriflam en VF. Les années 90 étaient dark, que cela soit pour les Vampires et les Netrunners. Et comme tout ce qui a bercé nos émois ludiques et littéraires, on y revient de temps pour voir si le tout a vieilli ou pas. Il est toujours paradoxal de dire que le futur peut se démoder mais quand on se rappelle que le Cyberpunk a explosé à une époque où personne n’avait de téléphone portable, ces craintes pouvaient être légitimes. Longtemps, William Gibson a été la référence du fait d’un manque de traduction des autres auteurs et c’est avec un grand plaisir que nous avons pu découvrir Snow Crash  de Neal Stephenson (disponible aux éditions Bragelonne) ainsi que le post-cyberpunk dont il est l’une des grandes figures. Le post-Cyberpunk, pour faire vite, est du cyberpunk sans forcément avoir une dystopie (et des implants partout), la société existe avec ses torts et erreurs sans forcément y trouver une dénonciation. Et c’est un délice.

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Le background de Snow Crash est très classique: les USA sont ruinés, Los Angeles est un état autonome et la mafia vous garantit des pizzas en 25 minutes. Vous avez bien lu. L’humour et la l’ironie sont assez prégnants dans un style dynamique du fait d’une voix narrative peu académique qui donne beaucoup de nervosité au récit. Un exemple qui surprendra le lecteur est lorsque la voix parle de caddies « en train d’accomplir leurs bruyantes copulations anales ». Ces juxtapositions pour le moins improbables font pourtant mouche. On y trouve aussi un vocabulaire propre à l’univers , comme dans les codes Cyberpunk (les kouriers et autres « franchulats ») ainsi qu’un langage digne de la Novlangue. Le traducteur fera de son mieux mais il faut reconnaître que la souplesse de la langue anglaise est idéale pour ces contorsions que le français rend la plupart du temps au mieux peu crédibles et au pire, ridicules. Ainsi quand quelque chose est fantastique, on dit qu’il est « garg »…

Mais passons outre ces détails. Les personnages sont très bien écrits et attachants (et que dire du méchant!) et on les suit avec plaisir et intérêt. On trouve aussi une magnifique description du Metavers (expression de Stephenson) qui est un successeur d’internet, un Second Life plus vrai que nature, lieu de divertissement et de dangers (les virus…) et dont l’aspect visuel est aussi bluffant que précis. On y évolue avec des avatars dont la rareté vous distingue socialement (s’ils sont en Noir et Blanc, c’est que vous êtes bien bas dans l’échelle). Bien entendu, nous sommes en 2016 et le temps a passé mais il y a une surprenante vitalité dans ce roman et ses trouvailles. Hiro, notre hackeur indépendant évolue dans ce monde avec une grande aisance, nous servant de guide à chaque page. Après un début déroutant (dans tous les sens du terme), on s’acclimate très vite  à cet univers qui nous est à la fois familier et étranger. Quant à l’histoire, n’aimant jamais trop en dévoiler, je vous laisse le pitch:

Bienvenue dans l’Amérique ultra violente de demain, découpé en franchises des grandes industries et en banlieues fortifiées. Heureusement, dans le Métavers virtuel, ceux qui en ont encore les moyens peuvent se procurer tous les plaisirs imaginables.
Dans la Réalité, Hiro Protagoniste n’est qu’un livreur de pizzas pour CosaNostra. Dans le Métavers, il est reconnu comme le dernier des hackeurs indépendants et le plus grand sabreur de tous les temps. Quand surgit une nouvelle drogue, Snow Crash, qui agit à la fois comme un virus informatique et biologique sur le cerveau de ses victimes, Hiro se met en chasse, avec l’aide d’une jeune kourière nommée Y.T. Mais un adversaire de taille se dresse sur leur chemin : Raven, harponneur aléoutien et État souverain à lui tout seul, car il possède sa propre bombe à hydrogène !

Si vous cherchez à jouer dans du Cyberpunk, n’hésitez plus, le livre, en plus de ses qualités littéraires, pourrait être un scénario à lui tout seul tant son univers est conçu avec intelligence. Disponible chez Bragelonne, il est une lecture idéale pour l’été quand les chaleurs vont monter.

Toujours sur du Cyberpunk, dans la résurgence certaine que nous commençons à observer, voici le jdr THE VEIL. Motorisé par le système Apocalypse (dont nous avons parlé pour Monster of the Week chez Raise Dead) et présentant un univers Sandbox (à savoir qui est fait de pistes générales à exploiter), il a le mérite d’avoir un graphisme très réfléchi et qui montre que le temps a passé avec le jeu de Talsorian. Bien sur, certains vêtements seront assez peu pratiques en ascenseur (voir plus bas)

Très intrigante, la roue des émotions qui peut être récupérée pour pas mal de jeux et qui fera le délice des professeurs d’anglais (et de tous ceux qui veulent réviser leur vocabulaire…)

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Vous trouverez ici un quickstart et d’autres documents mis à disposition de l’auteur et la vidéo Kickstarter  sur le jeu.

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Finissons ce Tour d’Horizon par les fées des Moutons Electriques . Après son Panorama triomphant, l’éditeur ovin nous propose donc 3 magnifiques Artbooks d’Arthur Rackham, Edmond Dulac (ci-dessous) ou encore William Heath Robinson. Inspiration d’histoires ou de rêveries, qu’il est bon de se perdre dans tant de talent, et combien de fois souhaiterait-on pouvoir passer de l’autre côté de la feuille. Et avant le Ulule des Contrées du Rêve qui commence demain, il fallait bien réserver un peu de son portefeuille à ce véritable délice graphique qui finit dans deux jours.

 

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