Mathieu vous présente le guide du joueur pour Eclipse Phase et nous vous livrons la deuxième partie de l’article de Stéphane Marsaudon à ce sujet au sujet de l’ensemble de la gamme et les différents thèmes.
La première partie est ici.
2 – LA GAMME
Fort de ses 9 ans d’existence, Eclipse Phase s’enorgueillit d’une gamme relativement fournie.
Composée de livres consacrés au background (Sunward, Rimward, Gatecrashing, Panopticon, Firewall, X–Risks) et de manuels davantage orientés vers la création de personnage (Transhuman ou Morph Recognition Guide), il est également agréable d’y trouver un certain nombre de suppléments initialement publiés en PDF, au nombre desquels figurent des scénarios (Ego Hunters, Continuity, Glory, Bump In The Night, The Devotees, Million Year Echo, Zone Stalkers), ainsi que des cadres d’aventures (The Stars Our Destination, Zone Stalkers) voire même de petits sourcebooks (Argonauts)
Les Sourcebooks
Bien que le livre de base contienne une quantité considérable d’informations, je ne saurais trop conseiller de dévorer le triptyque constitué par Sunward, Rimward et Gatecrashing afin de mieux appréhender la richesse de l’univers de jeu.
Affichant une splendide couverture de Stéphane Martinière (ma préférée) représentant un Surya (morphe adapté à l’environnement spatial de la Couronne solaire), Sunward dresse l’inventaire du Système Intérieur, des habitats gravitant autour de notre soleil et Mercure (une dizaine de pages) en passant par la Lune (un peu moins d’une vingtaine de pages), Vénus (une vingtaine de pages), Mars (où vit la plus grande partie de l’humanité, le gros morceau, avec près de 40 pages) sans oublier bien sûr la Terre et son orbite, zone interdite, objet de bien des peurs et des fantasmes (un peu plus d’une quinzaine de pages.).
Enfin une vingtaine de pages sont consacrées à détailler le Consortium Planétaire avant de se clore sur des informations techniques, quelques nouveaux morphes ainsi que des pistes pour utiliser chacun des décors proposés dans le cadre de scenarios de son cru.
Rimward poursuit le voyage en décrivant la Ceinture d’Astéroïdes (15 pages), Jupiter et ses Troyens (plus d’une trentaine de pages détaillant la vilaine dictature et ses fondateurs, tout en apportant davantage de nuance bienvenues que dans le livre de base) ainsi que Saturne et ses lunes (une vingtaine de pages). Toutefois, Titan, bloc politique distinct avec son modèle de cyberdémocratie techno-socialiste, dispose de sa propre section (20 pages). Suivent enfin Uranus et Neptune (respectivement une quinzaine et une dizaine de pages) avant d’explorer les franges extérieures de la Ceinture de Kuiper et du Nuage d’Oort (une dizaine de pages). L’ouvrage se conclut avec une section sur l’Alliance Autonomiste des divers groupes anarchistes idéologiquement alignés sur Titan (30 pages faisant pendant à celles consacrées dans Sunward à son rival, le Consortium Planétaire) et la section technique habituelle.
Un vent d’aventure souffle sur Gatecrashing, qui permet de faire le grand saut à travers les Portes de Pandore. Après une cinquantaine de pages de présentation du milieu des Gatecrashers, des protocoles et types de mission d’exploration des exo-planètes, une seconde section fait un tour d’horizon des différentes Portes connues (une quinzaine de pages) avant de nous embarquer vers les différents mondes explorés à ce jour. 80 pages transportent le lecteur vers une trentaine de planètes et corps célestes accessibles par le réseau de portails. La section de données techniques est plus fournie ici, donnant en une cinquantaine de pages règles et idées d’exploitation relatives aux différents lieux évoqués.
Moins indispensable mais non dénué d’intérêt pour autant, Panopticon présente une thématique moins cohérente puisqu’il s’articule autour de trois parties approfondissant des aspects de l’univers de jeu sans réelles connexions entre elles.
La première aborde le thème épineux, tant pour le MJ que pour les joueurs, de la surveillance omniprésente (et de son pendant, la « sousveillance ») et permet de mieux comprendre comment la gérer dans les parties, que ce soit pour y échapper ou pour s’en servir dans le cadre de cyber-traque.
La seconde section enrichit les données fournies dans le livre de base sur les habitats dans lesquels évoluent les transhumains, les dangers susceptibles de les menacer et les systèmes de sécurité les protégeant.
Enfin, la dernière section aborde la question des animaux surévolués, tout droit sortis des romans de David Brin, de leurs origines à leur physiologie, en passant par les problématiques sociales liées à leur présence au sein de la transhumanité et à leurs propres questionnements quant au modèle culturel qui doit être le leur…
Complément très intéressant au livre de base, Transhuman propose un abondant matériel enrichissant les possibilités de création de personnages.
Une première section offre des systèmes de créations alternatifs (par packs d’historique ou par un processus de création chronologique dessinant le chemin de vie du personnage) et de nombreuses options (traits, utilisation alternative de la chance, styles de vie et utilisation de la réputation en jeu).
Une partie significative de l’ouvrage donne quant à elle de nombreuses pistes destinées à comprendre et mieux interpréter les personnages atypiques de l’univers d’Eclipse Phase que sont les IAs et Informophes, les Surévolués ou les Asyncs. De même, certains aspects de la vie quotidienne des personnages font l’objet d’éclaircissements bienvenus (la nanofabrication, la psychochirurgie ou la multi-instanciation ou forking).
Pour l’heure uniquement disponible en VO, Firewall offre une plongée dans l’organisation à laquelle sont censés appartenir les personnages. On y trouvera des informations détaillées sur les racines historiques de l’organisation avant la Chute, sur son organisation interne et les diverses factions qui la composent. Les inévitables tensions idéologiques entre ces dernières fournissent d’intéressantes opportunités scénaristiques, de même que les diverses opérations Firewall en cours.
Le supplément fournit aussi du background supplémentaire relatif à diverses factions en relations avec Firewall, telles que les agences gouvernementales titaniennes ou joviennes, les Ultimistes ou encore les Argonautes.
Suite naturelle de Firewall, X-Risks (VO) est un supplément inspirant dressant un panorama des différentes menaces existentielles et complots de l’univers d’Eclipse Phase.
S’il fait la part belle aux dangers majeurs tels que les TITANs, les multiples souches du virus exsurgent, les exhumains et leur darwinisme exacerbé ou même les amiboïdes Courtiers, au long d’une quarantaine de pages fourmillant d’idées de scenarios, X-Risk déjoue justement le risque (non-existentiel) de tomber dans un travers consistant à faire croiser aux joueurs un danger menaçant l’humanité à chacune de leurs missions. Le supplément révèle donc également l’existence de conspirations plus mineures à l’instar de RFAHL, une hypercorp mémétique martienne, l’Eglise des Saints de Lumière, un culte au messie suspect, le groupe terroriste anti-technologique Green Death, SIS et la Flotte Minervienne, des dissidents de la Junte Jovienne s’érigeant en dernier bastion de l’humanité, les Ultimistes et leur quête de perfection fascisante, les mystérieuses Sibylles et leur troublante prescience ou encore le fantomatique Projet Ozma, croquemitaine des Sentinelles Firewall… Un bestiaire varié accompagne l’ensemble afin de fournir une palette d’adversaires de poids à opposer aux joueurs. Certainement un des fleurons de la gamme.
Dans la lignée de Transhuman, le Morph Recognition Guide, bien que dispensable, est une compilation des nombreux morphes disséminés dans les nombreux ouvrages de la gamme. Le pire y côtoie donc le meilleur…
Disponible en PDF (VO) et en version papier, Argonauts, comme son titre l’indique, met à l’honneur sur une vingtaine de pages l’ONG dédiée à la préservation des connaissances transhumaines et à la dissémination de l’information. On y apprend que s’ils ont toujours été proches de Firewall, les Argonautes n’en ont pas moins leurs propres parts d’ombre.
Les scenarios
Point positif non négligeable lorsqu’on se lance dans un jeu aussi ambitieux, la présence de scénarios clés en main permet de s’approprier les codes de l’univers d‘Eclipse Phase.
Un certain nombre d’entre eux ont été écrits dans l’optique de conventions, fournissant ainsi des situations diverses en proposant des personnages pré-tirés.
Ils sont généralement de bonne facture et présentent des enjeux variés: confrontations avec des exsurgents (Glory, Continuity, Million Year Echo) ou des menaces TITANs exhumées par des chercheurs de singularité (Ego Hunters, Mind the WMD), missions mettant les PJs en butte au crime organisé (The Devotees, détaillant l’habitat de Legba, forteresse du sinistre cartel Nine Lives ou Bump In The Night, scénario urbain sur Parvarti, version vénusienne de Pattaya).
Enfin The Stars Our Destination et Zone Stalkers dressent le tableau de deux cadres d’aventure très différents, le premier étant la description d’un convoi de barge d’Ecumeurs, les gitans anarchistes de l’espace, le second proposant une effrayante visite de la Zone Blanche située au cœur de la Zone de Quarantaine martienne.
Je m’appesantirai ultérieurement sur certains d’entre eux…
3 – THÉMATIQUES
L’univers vaste et dense d‘Eclipse Phase ouvre de nombreuses portes d’entrées par la multiplicité des factions et intérêts représentés.
Une campagne pourrait mettre en scène des journalistes traquant les malversations hypercorporatistes, alors qu’une autre s’intéresserait à des agents de ces mêmes technoblocs se livrant des guerres d’espionnage que ne renieraient pas leurs ancêtres shadowrunners.
Pourquoi ne pas incarner des policiers traquant les criminels dans l’Outback martien pour une ambiance résolument western, avec ses nomades barsoomiens aux relents des Fremen de Dune ?
Les amateurs de dépaysement blasés apprécieront de s’envelopper dans la peau d’intrépides Gatecrashers prêts à explorer les exo-planètes au-delà des Portes de Pandore…
Bref, les possibilités ne manquent pas…
Cependant, si les auteurs du jeu n’en excluent aucune, le postulat de base est de faire jouer des agents d’une organisation occulte nommée Firewall dont l’objet louable est de protéger secrètement la Transhumanité contre les risques-X, ces menaces existentielles susceptibles de provoquer son anéantissement.
Firewall surveille ainsi les recherches des hypercorporations, cherchant à désamorcer les tensions entre les différentes factions pouvant dégénérer en conflits, tout en traquant les foyers d’infection de créations encore en activité abandonnées par les TITANs ou encore empêchant des individus motivés par l’appât du gain ou des « chercheurs de singularité » idéalistes et inconscients de s’y aventurer au risque de provoquer une épidémie de virus exsurgent, sinistre héritage des IAs …
Le jeu s’annonce clairement comme un jeu « d’horreur existentielle », comme en atteste d’ailleurs la présence d’un système de gestion de la santé mentale.
En effet, les progrès liés à la numérisation de conscience et aux technologies de ré-enveloppement rendent caduque pour une bonne partie des gens la notion de mort et posent sans cesse en filigrane la question centrale de la nature humaine.
Si ma conscience sauvegardée est réinjectée dans un nouveau corps, est-ce réellement Moi ou un être qui pense comme Moi?
Que penser du fait que je puis être copié et dédoublé (forking), permettant ainsi la coexistence de deux êtres identiques bien que divergeant à chaque instant qui passe ?
Ajoutons à cela l’existence d’Intelligences Artificielles soigneusement bridées mais néanmoins égales de l’homme et celle des Surévolués, animaux élevés à la conscience, tiraillés par des questions identitaires et nous avons là un cocktail au goût subtil mais clairement capable de faire tourner la tête…
Attention: La section qui suit s’adresse plus particulièrement aux futurs MJ et comporte certains spoilers potentiels. Par conséquent, je déconseille à de futurs joueurs de poursuivre leur lecture dans leur propre intérêt…
Chaque maitre de jeu privilégiera les thèmes qui lui parlent le plus, mais lancer une campagne d’Eclipse Phase peut s’avérer réellement intimidant.
Voici donc quelques réflexions résultant de ma petite expérience du jeu…
En raison de la grande complexité du background et de la quantité importante de concepts à intégrer par les joueurs, surtout s’ils ne sont pas coutumiers de cette branche de science-fiction prospective, je recommanderai tout d’abord de choisir une focale restreinte.
Si l’on puise dans le répertoire des scenarios officiels, deux d’entre eux me semblent particulièrement indiqués.
Ego Hunter propose un défi de jeu de rôle intéressant et certainement inédit: les personnages incarnent tous des copies d’un même Traqueur de Singularité, envoyées en divers endroits pour enquêter sur une trouvaille ramenée de la Zone de Quarantaine martienne. Au moment où commence l’aventure, leur alpha (original) n’est pas au rendez-vous pour les réintégrer. Alors que des gens prennent contact avec eux pour acquérir la mystérieuse trouvaille dont ils ignorent tout, les personnages apprennent que leur original est recherché pour meurtre….
L’avantage du scénario est de proposer d’incarner des copies incomplètes (forks beta), ne disposant pas de la couche profonde de souvenirs, ce qui implique moins de background à assimiler par les joueurs.
En raison de la nature même des personnages proposés, Ego Hunter est clairement un one-shot, permettant de faire ses premiers pas dans l’univers avant de créer un personnage pour de bon.
En guise de second scénario, je recommanderais Continuity quiprésente l’avantage d’être un huis-clos se déroulant dans une station spatiale isolée dans la Ceinture de Kuiper.
D’une part, le scénario commence in medias res, d’autre part son environnement limité permet d’exposer certains thème majeurs de l’univers (notamment le virus exsurgent) tout en en conservant d’autres hors-champ.
Le problème de cette aventure, dans l’optique d’une suite, réside dans sa localisation très éloignée des cadres habituels proposés par les autres missions publiées (Venus, Mars, le Système Intérieur…)
Je me permets donc de vous proposer une piste possible, ayant très bien fonctionné dans mon groupe: faire créer un équipage à vocation scientifique (ce qui n’exclue pas pour autant des profils divers : scientifiques, responsable de la sécurité, pilotes, ingénieurs, médics…) embarquant pour une mission de 3 ans dans la Ceinture de Kuiper financée par les Argonautes, à des fins de prélèvements géologiques (un de mes joueurs Argonaute avait pour mission parallèle de faire de l’écoute de signal dans le but d’intercepter d’hypothétiques signaux des Courtiers)
La trame met en scène une rencontre avec une souche particulièrement hostile du virus exsurgent. La conclusion probable du scénario, à l’origine prévu pour des conventions, est une destruction de la station pour éviter une contamination ultérieure et la mort de tous les personnages…
En ce cas, comment intégrer ce scénario à une campagne plus large ?
J’ai pris le parti de considérer que les Argonautes avait inclus dans le contrat des personnages des copies de sauvegarde de leurs egos et de leurs morphes restées au port de départ. Plusieurs années après, les restes dérivant de la navette de secours contenant les corps et piles des survivants sont retrouvés par des Argonautes proches de Firewall.
De là, reconstituant le drame à partir des piles corticales encore viables, ils décident que, compte tenu de leur conduite jusqu’au-boutiste face à au péril exsurgent, ces individus présentent un profil d’agents Firewall potentiels.
Néanmoins, afin d’être certains de leurs choix, ils testent les backups des personnages en les renvoyant dans un simulspace reproduisant plus ou moins les évènements tels que reconstruits à partir des souvenirs récupérés dans l’épave.
Lorsque le scenario s’achève, les PJs se réveillent dans une simulation (de votre choix: plage hawaïenne, forêt elfique, Times Square avant la Chute ou tout autre fantaisie de votre choix) et se voient briefés par un Proxy sur l’existence de la conspiration Firewall et la nature des menaces pesant sur la Transhumanité.
Le choix leur est alors offert d’intégrer l’organisation en devenant des Sentinelles…
J’ai jugé intéressant de laisser trainer les fils permettant aux joueurs de se poser des questions dérangeantes:
Combien de fois avons-nous tournés comme des souris de laboratoire dans cette simulation? Combien de morts virtuelles avons-nous du subir avant que ces gens nous estiment valables ? Sommes-nous d’ailleurs bien les gens qui ont vécu cela initialement ? Voire, sommes-nous au sein d’une autre simulation ?
L’idée était d’amener le thème sous-jacent de « la fin justifie les moyens » et de présenter Firewall comme quelque chose de beaucoup plus ambigu que de simples « gentils » protecteurs de l’Humanité.
Quels sont vraiment leurs buts ? Qui est réellement derrière l’organisation ?
Car tout comme un de ses illustres ancêtres, Delta Green, auquel il ressemble à bien des égards, Eclipse Phase est un jeu de conspiration, ce qui implique une ambiance paranoïaque….
A partir de là, vous êtes libre de lancer les joueurs sur toutes sortes de missions dévoilant progressivement l’univers dans toute sa complexité.
Bump In The Night permet par exemple de retrouver une thématique plus urbaine, permettant de raccrocher des joueurs plus familiers des ambiances d’enquêtes cyberpunks typique de Shadowrun, autre inspiration avouée de Rob Boyle, anciennement attaché à cette gamme. Il permet aussi d’amener une nouvelle couche avec la Toile et les réseaux sociaux, absents du précédent scénario.
On peut imaginer toutes sortes d’aventures comme évoqués plus haut, des ambiances confinées des habitats spatiaux au western spatial dans le désert martien, en passant par le survival sur des planètes inconnues ou les questionnements philosophico-existentiels…
Les nombreuses inspirations cinématographiques(Blade Runner, Alien, Mad Max Fury Road, Interstellar, Inception, Moon, The Expanse…) de même qu’une l’abondante littérature (la Trilogie Martienne de Kim Stanley Robinson, Dune, le cycle Elévation de David Brin, Richard Morgan avec son désormais célèbre cycle de Takeshi Kovacs mais aussi Black Man, ainsi que Ian Mc Donald, Peter Watts, Greg Egan, Ian Banks et tant d’autres…) fournissent ainsi de nombreuses sources d’intrigues….
On peut très bien imaginer au vu de ses thématiques aller jusqu’à « hacker » (comme on dit en jargon rôliste contemporain) d’autres JdR, tels que Delta Green (pour son modèle de conspiration très proche), GURPS Transhuman Space (pour étoffer la situation géopolitique avant la Chute), Blue Planet (au minimum pour son biotope très complet et crédible voire pour ses secrets) ou pourquoi pas, soyons fous, une campagne telle que Par Delà Les Montagnes Hallucinées pour L’Appel de Cthulhu à bien des égards compatible. D’ailleurs, Ridley Scott ne s’est pas gêné avec son regrettable Prometheus…
Eclipse Phase est également et essentiellement un jeu à secrets et une grande partie du plaisir qu’auront les joueurs résidera dans la découverte de pans entiers de l’univers cachés au commun des mortels. Le jeu propose d’ailleurs souvent plusieurs explications à certains des mystères fondamentaux du jeu, notamment la genèse des TITANs ou l’origine du virus exsurgent, laissant ainsi au MJ le loisir de choisir celle qui lui plaît le plus…
J’ai par exemple personnellement choisi de ne pas révéler l’existence des Asyncs, les psions du jeu, ni de permettre aux joueurs d’en incarner dans un premier temps, notamment parce que l’origine de leurs pouvoirs me semble gagner à rester dans l’ombre. Un personnage développant ce genre de capacités pour réaliser ensuite qu’il s’agit en fait d’une contamination par le virus Watts-McLeod, rien de moins qu’une souche du virus exsurgent, donne de belles opportunités de sueurs froides….
De nombreuses questions subsistent en effet dans le jeu toute aussi fascinantes les unes que les autres:
Pourquoi les TITANs ont-ils disparus subitement alors même qu’ils étaient sur le point de gagner leur guerre totale contre l’humanité ? Pourquoi ont-ils récoltés des egos en masse ? Désiraient-ils réellement détruire l’humanité ou s’agissait-il d’une politique pragmatique de préservation voire de fusion ?
Pourquoi toutes les civilisations découvertes par-delà les Portes sont-elles éteintes ?
Toute civilisation est-elle vouée à s’autodétruire en parvenant à la Singularité ? À moins que quelque chose s’ingénie à détruire toutes les civilisations parvenant à un certain niveau d’avancement technologique…
L’Humanité y a-t-elle échappé ? À supposer que tel soit le cas, par quel concours de circonstances ? Se pourrait-il l’Humanité ait été protégée, comme le laisseraient à penser certains évènements fortuits survenus pendant la Chute ?
Qui sont réellement les Courtiers et quels sont leurs desseins ? Sont-ils vraiment les émissaires d’autres civilisations, alors que nous n’avons jamais rencontrés que des vestiges de celles-ci ? Ou bien ourdissent-ils quelque sombre machination ? Dans quel but posent-ils comme conditions de leurs collaboration un ban sur les IA Germes et surtout sur l’utilisation des Portes de Pandore ? Qui a d’ailleurs construit ces dernières ?
Bref, comme vous l’aurez compris au terme de ce pavé indigeste, le jeu est riche, très riche, mais surtout passionnant parce que, tout comme le furent en leurs temps les jeux émanant du courant cyberpunk, Eclipse Phase est en prise avec les interrogations actuelles, tout en permettant cependant une salutaire prise de recul du fait de la distance par rapport à notre époque…
N’hésitez pas, sautez dans votre morphe et plongez…
Votre esprit est un logiciel… Programmez-le.
Votre corps est une enveloppe. Changez-la.
La mort est une maladie. Soignez-la.
L’extinction approche. Combattez-la.