Nous aimons Clive Barker chez RôlisteTV, nous l’aimons dans ces instants de génie comme dans ses excès. Et alors qu’il nous revient en belle édition, ce sont ses meilleurs romans que Bragelonne nous livre pour la fin de ces nouvelles éditions (mais quid du Royaume des Devins?). Cette été Galilée est arrivée sur nos tables. Et quelle joie, quelle grâce.
Depuis la guerre de Sécession, les Geary et les Barbarossa, deux familles comptant parmi les plus puissantes d’Amérique, n’ont cessé de rivaliser. Jusqu’au jour où Galilée, prince charismatique du clan Barbarossa, tombe éperdument amoureux d’une femme qu’il ne peut avoir. Rachel, qui appartient au clan Geary, se retrouve alors prise entre les feux ennemis et découvre peu à peu d’inavouables secrets. Envoûtée par le mystérieux Galilée, Rachel se laisse entraîner dans une passion dévorante qui provoquera une véritable guerre des clans, opposant forces surnaturelles et magie ancestrale… Une histoire d’amour sulfureuse et interdite au coeur d’une fresque décadente, retraçant entre réalisme et magie l’histoire de l’Amérique. |
Maddox Barbarossa, un des batards de la famille, est le narrateur de cette saga qui va nous permettre de revisiter les grands moments de l’histoire américaine, par le prisme de cette histoire d’amour et de l’inconnu Galilée.
Nous l’avions déja dit dans les critiques de Clive Barker, il est connu pour ne pas perdre de temps au point de nous offrir de quoi écrire quatre romans en 100 pages. Ici, que nenni. Maddox prend son temps, pose l’ambiance et les personnages. C’est assez inhabituel (tout comme la structure narrative du récit) pour une oeuvre Barkerienne et il en ressort une ambiance très differente des autres oeuvres du britannique. Pas (trop) de gore, peu de fantastique mais rassurez-vous, il n’a rien perdu de sa capacité à choquer et son style cru qui fait sortir le lecteur de sa torpeur est toujours aussi efficace. On y trouve toujours de l’érotisme qui ne passerait pas sur M6 et une poésie qui n’appartient qu’à Barker, la faisant apparaître dans l’horreur qui l’entoure. Cette histoire radicalement différente du reste de son oeuvre le force à varier les plaisirs (ou perversités) pour s’adapter à cette oeuvre familiale. Et c’est avec brio qu’il nous brosse le portrait des nombreux protagonistes et de leurs relations que l’on pourra aisément qualifier de tumultueuses.
Car avec une famille comme cela, il faut avoir le coeur bien accroché. Si on devait en faire une télé-réalité, elle ne durerait qu’un épisode pour cause de démission massive parmi les survivants de l’équipe technique. L’arbre généalogique du début du roman est des plus utiles et une fois familiarié(e) avec les enfants Barbarossa et leurs alter-ego Geary qui ne valent guère mieux, un monde de folie est posé. On y retrouve une Louisiane qu’Anne Rice avait aussi visité, on y voit les Geary qui tirent secrètement les fils du pays. Le temps ayant passé, on dirait aujourd’hui qu’ils détiennent une grande compagnie de moteur de recherches par exemple . Mais au-delà du cadre fin XXe siècle, Galilée n’a pas pris une ride.
Le livre est un des plus adaptables en jeu que cela soit Kult ou Vampire ou tout univers d’immortels. Vous pouvez aussi choisir un système des plus simples car c’est surtout l' »ossature » des protagonistes qui fera la force de votre adaptation, se livrant à toute sorte de jeu de pouvoirs. Les personnages sont tous marquants, avec leur propre personnalité, là où parfois on tombait dans le stéréotype dans d’autres livres. Si vous jouez dans l’horreur contemporaine (ou non en fait), vous avez devant vos yeux des galeries inoubliables de Pnj. On pourra aussi jouer les agents de ses familles, se livrant une guerre que les Ancillae ne renieraient pas.
C’est un régal que de relire après toutes ces années et si vous souhaitez faire entrer vos amis dans son univers, il est peut-être celui qui conviendra le mieux, du fait de sa « sobriété graphique ». Et si vous voulez le faire découvrir à vos joueurs, lisez-le, faites le jouer (idéal pour des petites groupes de joueurs) et faites vivre sa poésie unique.
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