Aujourd’hui, pas de news. Juste un petit billet qui parle de notre hobby. Un billet qui nous ramène à une époque où les ordinateurs de l’époque s’appelaient Amstrad (464, 664, 6128) ou Atari 520 ST ou Amiga. A une époque dénuée de portable ou de Deezer. Et où personne ne comprenait ce que signifiait Episode IV au début de la cassette VHS de La Guerre des Etoiles. Ce petit billet vient de bien des discussions et de bien des constats entre amis, que toute personne d’environ x0 ans comprendra bien. Jouons tant que nous pouvons en serait la moralité…
C’est l’histoire d’un joueur. L’histoire d’un joueur que l’on appelle « vieux » maintenant. Ce joueur qui joue aux mêmes jeux que vous sauf qu’il les a en anglais, en première édition ou avec une ancienne couverture (rayez la mention inutile). Un joueur qui ne savait pas où acheter des D10 ou qui n’avait accès aux jeux que dans sa librairie de région. Un joueur pour qui l’Oeuf Cube était un palais des merveilles aussi grand qu’un château. Un joueur, enfin, pour qui le temps a passé.
S’il a toujours ses jeux, il passe régulièrement à côté d’eux sans les regarder. Ils sont là, soldats usés de sa bibliothèque, au même titre que ses vieilles collections de SF, toujours fidèles même s’il ne les ouvre plus. Pour rien au monde, il ne les changerait de place. Ils font partie de son univers, toujours dans le coin de l’oeil et pour rien au monde il ne les déplacerait.
Un soir comme tant d’autres, il s’approche d’eux et commence à les feuilleter, comme ça, sans aucun autre but que de laisser son esprit vagabonder. Il se rappelle alors qu’il en a fait, des voyages sans se déplacer grâce à eux. Il avait commencé à jouer l’après midi, le mercredi. Puis lycéen, le soir. Puis, étudiant, la nuit.
Il prend un autre jeu. La couverture a un peu souffert du soleil ou du temps, la reliure craque un peu et une feuille tombe du livre. Il la ramasse et sourit: il s’agit d’un papier sur lequel étaient notées les traductions des termes anglais. Mots qui semblaient comme autant de symboles incompréhensibles pour un collégien de 4ème qui allait demander à ses profs ce que signifait « Strike Rank » pour Runequest 3.
Dans une boîte au carton encore bien solide, il retrouve les scénarios sur fiche bristol que l’ « Ancien Lui » avait écrit. L’écriture était incertaine et ces histoires semblent pour lui les histoires d’un autre, perdues dans le secret et l’oubli des années.
Puis petit à petit, le silence se peuple. A travers ces papiers que personne d’autre qu’un initié ne comprendrait, le bruit des dés se fait entendre dans ses souvenirs. Il vient de tomber sur une feuille de personnage noircie par les traces de gommes, effaçant les anciennes compétences et caractéristiques. Son personnage venait du Désert des Larmes (au moins, il ne mendiait pas à Nadsokor). Après le bruit des dés, ce sont les acclamations qui reviennent à son souvenir en une bien belle danse.
Il se rappelle ce 01 et la joie autour de la table. Le 20 sur Stradh revient également. Les rires des copains. Les heures passées ensemble. Ce joyeux groupe qui faisait des jeux « drôles ». Ces hardis compagnons qui sauvaient le monde dans la cuisine des parents mais qui avaient dû plier bagage quand le père de l’un d’entre eux avait déboulé dans la cuisine, mettant fin à une des plus batailles que Glorantha aurait pu jamais connaître. La gloire tient à peu de choses.
Tant de souvenirs dans ces pages. Un livre est une expérience solitaire et ne se partage qu’a posteriori. Un jeu de rôle se vit et partage au moment où on le vit. Tant d’heures de passion entre ses pages, parcourues de tableaux et de dessins en noir et blanc allant du passable au hideux. Mais qu’importe. L’imagination donne vie à tout. Cette même imagination partagée lui a donné des amis pour la vie, qui sont certes loin de la table, aux quatre coins du monde, avec des enfants et une vie de grand, mais qui sont toujours avec lui quand ces jeux se rappellent à son souvenir.
C’était cette époque. C’était ce temps. Le temps de la joie, le temps des copains et le temps où l’on avait le temps. Cet autre temps.
C’est l’heure de manger. Le vieux joueur quitte sa bibliothèque après avoir remis les gardiens de ses souvenirs au garde-à-vous. Leurs couvertures aux guerriers à jamais figés, aux vaisseaux spatiaux dans un looping qui ne finit pas, à la rose dont le rouge reste éternel. Ils sont là, madeleines ludiques et fidèles compagnons. Ils attendent déjà la la prochaine revue et la pensée fugace du vieux joueur qui se dit que cela serait bien de reprendre ces parties. Et qui passe son chemin, sachant très bien, hélàs, que ce voeu ne restera qu’un voeu.
A moins de faire un 20 naturel. Ou un 01.
une certaine émotion dans ce texte!! un plaisr à lire
ouais, ça m’a tirer une larme de lire ça.
Nous sommes de grands nostalgiques..quand nous avons connu tant de mondes, cela se comprend..
pas faux, tant de bons et parfois douloureux souvenirs, les petites boites de kinder surprise pour servir de cercueil aux persos mort pour la cause, les jets de la dernière chance quand le soleil revient, tout ça et tant d’autres à venir.
Banbaladi! suis ton ami!
Eh ben moi, 32 ans après ma première partie, je continue tous les samedi soirs à pousser les dés . Comme quoi, quand on veut, on peut …
Nous avons bien de la chance quand nous pouvons, ce qui est notre cas :-).Car hélas ce n’est pas toujours histoire de volonté au vu des témoignages recus:-(
Runequest version Games Workshop. j’ai le même dans ma bibliothèque. En fait, ce n’était que les règles de base. Puis vint la version française. J’ai repris le jeu de rôle après 20 ans d’arrêt, le temps que les enfants grandissent.