Métropole tentaculaire aux rues sans cesse envahies d’un brouillard impénétrable, aux façades inéluctablement noircies par l’humidité et la fumée, au port immense où s’entassent des marchandises venues du monde entier, Londres au XIXe siècle déconcerte le visiteur par son gigantisme, certes, mais aussi par la violence de ses contrastes. Car peu de lieux présentent, entremêlés, des visages aussi contraires.
La magnificence des palais voisine avec la déliquescence des bas-fonds. Des symboles de la modernité, tels l’éclairage électrique, le métropolitain ou le Tower Bridge, côtoient des édifices chargés d’histoire, comme la cathédrale Saint-Paul et ses monuments, l’abbaye de Westminster et ses tombeaux, la Tour de Londres et ses fantômes.
Cette capitale d’un royaume peuplé de légendes et d’un empire sur lequel le soleil ne se couche jamais est donc tout à la fois la « Ville monstre » et la « Reine des cités », la « Babylone noire » et le « premier marché de l’univers ».
Rien d’étonnant, dès lors, à ce qu’elle ait à ce point enflammé l’imagination des Victoriens. Et continue à enflammer la nôtre.