Aaah le château fort, à sa seule mention le rôliste s’anime. Le sourire aux lèvres et l’oeil pétillant, il se met à compulser frénétiquement son livre de sorts ou sa liste de matériel. En un instant, il est prêt à l’explorer et prêt à affronter mille tourments pour en ressortir grandi, les poches bien remplies d’or, de pierres précieuses, d’objets magiques ou de princesses (il existe de nombreuses techniques pour « se mettre une princesse dans la poche », elles impliquent généralement toutes une abondance des biens précédemment cités). Le château fort est l’un des lieux ludiques les plus explorés et pourtant qu’en savons-nous vraiment? Si, comme moi, vous vous sentez de petites lacunes dans ce domaine, je vous conseille la lecture de deux ouvrages forts enrichissants (rappelez-vous, ça aide pour les princesses): « Châteaux forts du Moyen-âge » de Thierry Hatot (éditions L’Instant Durable) et « Châteaux, une histoire des sites fortifiés, citadelles et forteresses », collectif sous la direction de Charles Stephenson (Editions Ouest-France). Ces deux livres vous permettront de comprendre comment les châteaux forts étaient construits, habités et … détruits. Vos descriptions de châteaux seront ainsi plus réalistes, plus vivantes, enrichies de nombreux détails.
Le premier est un petit livre au format A5 que vous avez sûrement déjà vu à la librairie d’un château ou d’un musée. Il est souvent accompagné d’un autre, du même auteur, traitant de la construction d’église (« Bâtisseurs au Moyen-âge », aussi chez L’Instant Durable). En introduction de son livre, l’auteur nous expose les grands principes de la construction d’enceinte fortifiée à l’époque de l’antiquité (tel que pratiquée en Orient, en Grèce ou dans l’empire romain). Ces civilisations maîtrisaient déjà nombres de techniques que l’on retrouvera plus tard utilisées dans la construction de châteaux forts. Mais en Europe occidentale, le savoir-faire antique en termes d’architecture ne s’est pas transmis directement de génération en génération. Il a d’abord été perdu, suite à la chute de l’empire romain et aux invasions barbares, puis a été progressivement redécouvert, notamment par des moines ayant traduit les anciens traités ou ayant pu s’inspirer de l’existant en Orient.
L’auteur nous explique de façon très pédagogique, à l’aide de nombreux schémas, tous les aspects de la construction d’un château (pour des périodes allant du IXème siècle au XVème siècle): le choix du site, le tracé des plans, les choix architecturaux, des fondations jusqu’à la toiture, le déroulement du chantier (échafaudages, engins de levage, …), les différents corps de métier impliqués dans la construction (avec leurs outils) et la logistique des matériaux de construction. Pour chaque choix architectural, il nous présente ses avantages défensifs et nous montre comment les maîtres d’œuvre se sont adaptés aux évolutions des armes des assaillants (aux machines de jet et aux canons notamment).
Le deuxième ouvrage, plus exhaustif, couvre une période et une zone géographique plus étendue que le premier (de la lointaine antiquité jusqu’au XIXème siècle et de l’Europe au Japon). Etant cependant moins didactique et moins agréable à lire (la traduction depuis l’anglais y est peut-être pour quelque chose), je vous recommande de le lire après le premier, en complément. Cela vous permettra de voir comment d’autres civilisations ont pensé leurs bâtiments défensifs dans des contextes différents. Le chapitre sur l’Asie (Inde, Chine et Japon) est notamment très intéressant de ce point de vue là. Ce livre comporte de nombreuses illustrations, certaines vraiment impressionnantes, que vous pourrez réutiliser pour vos jeux de rôles préférés (D&D, Keltia, Capharnaüm, Qin, Legend of the Five Rings …).
A tous les MJ, je tiens à préciser que je décline toute responsabilité si d’aventure, après avoir lu les deux livres présentés ici, vos joueurs devenaient des experts en destruction de château fort ou autre enceinte fortifiée. Après tout, tout le monde sait bien que le bon vieux donj’ de base n’est pas conçu pour résister à la magie … enfin je dis ça je dis rien.